Ken Wilber est très peu connu en France. Pour des raisons difficiles à comprendre, il a été très peu traduits en français, et le seul livre qui rend compte de ses positions actuelles « Une brève théorie du tout », a été publié par des éditions québecquoise.
De ce fait, bien qu’auteur prolixe (il a écrit au moins une vingtaine de livres et la plupart comprennent plusieurs centaines de pages), sa pensée est très peu connue en France (Wilber est autant traduit en français qu’en polonais.. et dans les deux cas, très peu traduit).

Wilber part d’une constatation : aujourd’hui, pratiquement tous les contenus de toutes les cultures nous sont disponibles. Il y a encore moins d’un siècle, lorsqu’on était né dans une culture, on n’avait à sa disposition que sa culture de naissance formée de concepts scientifiques, d’idées et croyances religieuses, de représentations culturelles, etc. Aujourd’hui nous avons accès aux contenus de toutes les cultures (chinoise, russe, aborigène, juive, européenne, américaine, etc. ) car le monde est devenu, par l’intermédiaire des techniques de communication et des possibilités de voyage, un village. On part faire un voyage d’une semaine en Mongolie, dans le Sahara ou même sur la banquise avec une très grande facilité, totalement inconcevable encore pour nos grands-parents (ou nos arrières grands parents pour les plus jeunes). Cela a eu comme conséquence de rendre la connaissance globale, disponible à tous : les réflexions, concepts, savoirs, théories, expériences et philosophies de toutes les civilisations (prémodernes, modernes ou postmodernes) nous sont maintenant totalement accessibles.
A partir de cette considération, que se passe-t-il si l’on cherche à comprendre ce que toutes ces civilisations peuvent nous dire sur le potentiel humain ? Que trouve-t-on si l’on se met en quête des points essentiels du développement humain, fondé sur l’ensemble des cultures disponibles, des grandes traditions ? Qu’obtient-on si l’on tente de créer une carte aussi complète que possible, une carte intégrale qui inclue les systèmes de pensée les plus avancés, les sagesses les plus profonds, les expériences les plus pertinentes de toutes ces cultures ?
C’est ce qu’a fait Ken Wilber, en s’appuyant lui-même sur d’autres auteurs qui avaient commencé le travail avant lui : A. Maslow, J. Piaget, L. Kohlberg, C. Graves et D. Beck, Jean Gebser, Sri Aurobindo, Teilhard de Chardin, Plotin, Shankara, N. Elias, C. G. Jung et bien d’autres.
Le principe consiste à assembler et à mettre en corrélation toutes les vérités que chaque culture prétend détenir. En mettant ensemble ces “vérités”, on les considère comme partiellement vraies, c’est-à-dire vrais dans leur domaine de référence. Un peu comme la physique Newtonienne qui est vraie tant qu’on ne va pas trop vite ou qu’on ne va pas dans l’infiniment grand ou l’infiniment petit. Ensuite on essaye d’assembler toutes ces vérités partielles en un système intégré en se posant toujours la question : quel est le cadre, le système général qui permette d’intégrer le plus grand nombre de ces idées en un tout cohérent? Comment articuler au mieux les pièces de ce puzzle gigantesque ? Comment définir un “framework”, un cadre conceptuel, une vision du monde qui incorporerait l’ensemble de ces vérités partielles et constituerait ainsi une compréhension générale et globale du monde?
Le résultat de cette quête résulte en un système, le « système intégral » que Wilber élabore, améliore et peaufine au travers de ses nombreux livres qui traitent aussi bien de psychologie, de spiritualité, de sociologie, d’histoire des idées que de théories de l’art, d’éthique ou de philosophie. De plus, il ne s’agit pas seulement d’une grande fresque théorique, mais aussi, et surtout depuis trois quatre ans, d’une base pratique pour le développement individuel et collectif, d’une plate-forme pour aider l’humanité dans son évolution.
Ce système intégral, bien qu’apparemment très complexe, apparaît finalement comme étant à la fois relativement simple et très élégant. Il s’agit d’ailleurs peut être de la qualité essentielle de K. Wilber : savoir intégrer tout un ensemble de pensées en un cadre cohérent, pratique et relativement facile à appréhender, même s’il révèle, une fois qu’on le connaît mieux, des richesses fabuleuses, des profondeurs insoupçonnables. Tout le système intégral tient en cinq facteurs : les niveaux, les états, les quadrants, les lignes, états et les types, et surtout dans leur interconnexion, dans leur relation les uns aux autres.